Etre fluent en anglais, flüssig en allemand ou s’exprimer en espagnol con fluidezn’est pas donné à tout le monde. La grande majorité des Français ne parle pas couramment l’une de ces trois langues européennes. En avril, le Cnesco – le Conseil national d’évaluation du système scolaire – dévoilait son rapport qui pointe qu’en fin de collège, à 15 ans, 75% des élèves ne sont pas capables de s’exprimer en anglais de façon correcte, 73% en espagnol et 62% en allemand. Pour booster en Île-de-France la pratique des langues étrangères, la présidente de la Région, Valérie Pécresse, avait annoncé en février 2018 dans le JDD un plan de formations gratuites avec un volet destiné aux lycées et un autre visant les jeunes et les adultes en général. Ce deuxième volet vient de se concrétiser : une plateforme d’e-learning (site Internet d’apprentissage) vient d’être mise en ligne il y a quelques jours. Son nom : Qioz.
“Nous avons voulu proposer un outil numérique, en plus des cours dans le cadre des formations professionnelles que nous finançons par ailleurs, explique Vincent Jeanbrun, délégué spécial à l’emploi, la formation professionnelle et l’apprentissage à la Région. Nous voulons toucher tout le monde, les demandeurs d’emploi mais aussi une personne qui travaille et a envie de progresser en anglais parce qu’elle en a besoin dans son poste ou parce qu’elle veut évoluer.”
Des jeux, des vidéos et des extraits de films ou de séries
Qioz s’adresse ainsi aux 15 à 99 ans. Le principe : on commence par un test en anglais, allemand, espagnol ou FLE (français langue étrangère), pour évaluer son niveau. On indique trois centres d’intérêt, par exemple l’environnement, le sport, les arts. Puis après le quiz, un petit personnage de bouledogue bleu, le “coach”, vient proposer des exercices sous forme de jeux, de vidéos de youtubeurs allemands, espagnols ou britanniques, d’extraits de films ou de séries récents (comme Birdman ou la série Westworld), de clips de Drake, Lady Gaga, etc. Plus de 1 500 contenus sont à disposition sur la plateforme.
L’utilisateur peut ainsi apprendre du vocabulaire spécialisé selon ses intérêts, gagner en compétences (comme savoir commander dans un restaurant), et engranger des points. Ce qui permet petit à petit de passer à un niveau supérieur. La fréquence conseillée : aller sur Qioz trois fois par semaine, au minimum une fois par semaine.
Une version téléchargeable en ligne cet été
La plateforme va encore évoluer : cet été, une version téléchargeable sera mise en ligne afin d’apprendre sans être connecté, en écoutant par exemple sur son smartphone dans le métro. En septembre, de nouveaux modules élaborés avec des branches professionnelles de métiers en tension seront disponibles. Ils permettront de se perfectionner dans des domaines très précis, avec du vocabulaire spécifique au secteur des hôtels, cafés et restaurants, à l’accueil des touristes. “Ce sera du sur-mesure en fonction des besoins de main-d’œuvre”, précise Vincent Jeanbrun, qui est aussi maire de L’Haÿ-les-Roses, dans le Val-de-Marne.
“Sur la plateforme d’Orly, entre 800 et 1.000 emplois ne sont pas pourvus. La barrière de la langue explique en partie ce chiffre. Un jeune qui veut travailler dans un café à l’aéroport doit pouvoir parler en anglais pour être recruté.” L’élaboration du site Qioz, ses futurs modules spécifiques à certaines professions et la mise à jour régulière de contenus nouveaux ont été budgétisés à 6 millions d’euros sur les trois premières années. Tout l’enjeu sera d'”accrocher” les utilisateurs grâce au gaming du site, son aspect ludique façon jeu vidéo.
Quatre cent mille utilisateurs par an sont espérés (selon Valérie Pécresse au JDD en 2018). De quoi améliorer le niveau général des Franciliens en langues à la veille des JO de 2024. “Quand on se rend dans d’autres grandes villes européennes, comme Francfort par exemple, on est frappé par la maîtrise en langues étrangères de leurs habitants, de leur accueil, raconte Vincent Jeanbrun. Nous voulons faire de l’Île-de-France une région multilingue.”