L’annonce faite par le Premier ministre suscite bien de réactions. Et soulève des interrogations. Les études supérieures seront gratuites pour ceux qui intégreront une université publique dès la rentrée. Qui sont ceux qui y ont droit ? Comment ? Voici quelques éléments de réponse…
1 – Qui aura droit à l’éducation universitaire gratuite ?
Tous ceux qui veulent obtenir un certificat ou un diplôme. Une source proche du bureau du Premier ministre affirme qu’il n’y aura aucun ciblage dans ce cas. Pour le moment, le gouvernement n’a pas encore fixé de limite d’âge non plus et il ne semble pas vouloir le faire. De plus, ceux ayant déjà un diplôme seront aussi éligibles à un ou plusieurs autres certificats et diplômes. Avis également à ceux qui ont dû travailler après avoir complété leur HSC ou ceux qui veulent changer de filière donc.
2- Les critères d’admission changeront-ils ?
Quel sera le niveau requis pour les admissions ? Ceux qui possèdent un School Certificate, par exemple, pourront-ils envisager de faire des études supérieures ? La question reste posée. D’après les premiers recoupements toutefois, il semblerait que les critères resteront inchangés. Pour les jeunes et les moins jeunes, les différents cours de l’université de Maurice (UoM) et les autres universités publiques respectent des critères d’admission spécifiques. Cela dépend du diplôme envisagé, des places disponibles, de la demande etc. Plusieurs cours à l’UoM sont, d’ailleurs, très en demande et la compétition en ce qui concerne les admissions est rude. Notamment, les cours d’ingénierie et de droit sont parmi les plus prisés et souvent, ce ne sont que ceux qui ont obtenu trois A au Higher School Certificate qui y sont admis.
Par ailleurs, malgré l’annonce choc, pour le moment, le gouvernement ne parle pas d’augmenter le nombre de sièges disponibles dans les universités publiques, qui comptent environ 25 000 places disponibles en premier cycle, c’est-à-dire, certificat et diplôme. En 2017-2018, seuls 17 000 de ces sièges étaient remplis. On peut s’attendre à ce que la demande augmente, donc.
3- L’addition siouplé
L’État va devoir compenser le manque à gagner des universités une fois cette mesure mise en place. Rien qu’à l’université de Maurice, où les frais sont minimes (Rs 13 000 par an pour la majorité des cours), ces frais représentent environ Rs 400 millions par an. Les chiffres pour les frais en ce qui concerne le premier cycle ne sont pas disponibles, et il est donc impossible de calculer combien l’État va devoir débourser pour l’UoM en une année. Cependant, avec des frais d’études d’une moyenne de Rs 40 000 par année, on peut s’attendre à ce que l’État débourse Rs 1 milliard par an rien que pour compenser le manque à gagner des frais d’études. Cependant, l’on ne sait pas encore comment le gouvernement va s’arranger pour payer. Il ne le sait pas lui-même d’ailleurs puisqu’aucune consultation n’a eu lieu au préalable.
4- La qualité dans tout ça ?
Le niveau va-t-il baisser ? C’est ce que les chargés de cour des universités publiques se demandent. Pour la chargée de cours, le Dr Roukaya Kasenally, payer pour les frais d’études pourrait vouloir dire sacrifier la qualité de l’éducation puisqu’il faudra revoir à la baisse les fonds alloués aux infrastructures, aux ressources et à la recherche. La solution pour les parties prenantes serait une stratégie d’investissement massif dans l’éducation pour que le secteur devienne lucratif. Attirer les étudiants étrangers, et former les talents Mauriciens en vue de futurs créneaux économiques devraient être au programme, selon les experts.
5- Quelles sont les institutions publiques ?
Le pays compte, au total, 10 institutions publiques. L’UoM, la première institution sur la liste de la Tertiary Education Commission, compte le plus grand nombre d’étudiants inscrits annuellement, soit 12 500, suivie de près par l’UTM, l’Open University et de l’université des Mascareignes Selon Statistics Mauritius, plus de 45 % des étudiants faisant leurs études supérieures à Maurice, fréquentent une institution publique. Ci-dessous, la liste des universités publiques :
i). L’université de Maurice
ii). L’université de Technologie de Maurice
iii). La Mauritius Institute of Education
iv). Le Mahatma Gandhi Institute
v). Le Rabindranath Tagore Institute
vi). L’Open University de Maurice
vii). L’université des Mascareignes
viii). Le Mauritius Institute of Training and Development
ix). Le Mauritius Institute of Health
x). Le Fashion and Design Institute
6- Il faudra quand même passer à la caisse
Gratuit, gratuit, certes. Mais qu’en est-il des frais pour les cartes d’étudiant, les Rs 17 500 pour la thèse pour ceux qui font leur doctorat, les clinical placement fees de Rs 6 000 par étudiant inscrit pour les cours de physiothérapie, les frais d’examens ou ceux concernant l’utilisation de la bibliothèque, du gymnase ou encore des laboratoires, entre autres ? Seront-ils également encourus par le gouvernement ? Ou seuls les tuition fees sont concernés? Rishikesh Poorun, ancien président de la Students Union de l’UoM, rappelle que le gouvernement accordait déjà une subvention entre Rs 60 millions et de Rs 120 millions à l’institution – rien que pour les tuition fees – que les Mauriciens ne payaient pas… Il y a quelques années, la donne avait changé. Mais Rishikesh Poorun se demande si tous les frais seront pris en charge par le gouvernement. Comme beaucoup d’autres, il est d’avis que seul les tuition fees seront déboursés et que les étudiants devront tout de même se charger de payer les autres frais.